c’est une histoire de sorcière écrite il y a une dizaine d’année, que j’ai reprise, passée au passé, reformulé des trucs et dessiné une couverture. en fait je la trouve pas si mal fichue, même si un peu triste quand même…
“Mais elle va la fermer, sa gueule, avec ses trucs de pauvre hippie !?”
“Pauvre”, elle comprenait. Elle savait que ce n’était pas une histoire d’argent, mais de pitié, et elle n’appréciait pas beaucoup d’évoquer de la pitié. “Ipi”, par contre, elle ne voyait pas vraiment ce que ça voulait dire, mais elle avait bien perçu le mépris et la moquerie dans le regard de son interlocuteur quand il l’avait prononcé.
c’est Pauline J. Bhutia, qui s’occupait de Géante Rouge, qui m’a proposé d’écrire un truc pour Bazaar Maniac n°7, un fanzine papier, et qui s’est occupée de mettre en page le machin (les illustrations sont de ColBol). c’est un bête compte-rendu de réunion, d’une époque où faudra bien s’arranger.
Une histoire de petites mains, sans qui tout se casse la gueule, décident de forcer quelques richous à partager leur enclave de richous toute neuve. Je l’avais écrite pour répondre à un appel à texte pour la revue Géante Rouge n°31, qui l’a publiée et j’en suis bien content.
Je referme la porte en plastique en sortant de chez moi, et je respire un grand coup. Ça sent bon aujourd’hui, c’est iodé, et les odeurs de forêt brûlée du mois dernier ont fini par s’évaporer. Je cherche mon tabac dans ma poche, réflexe inutile depuis presque dix ans. Je cale la porte d’un coup de pied dans le coin du bas. Ça fait deux ans que ça déconne, faudra que je m’en occupe un de ces jours. Je suis une des dernières habitantes du bloc, les marées grignotent la zone C petit à petit, mais juste pour voir l’océan le matin en sortant de ma chambre, j’ai pas envie de me casser. L’ironie d’être face à des tonnes de flotte imbuvable tout en vivant dans une société qui laisse des millions de gens crever de soif m’épate tous les jours.
En 6ème, ou 5ème j’ai exprimé ma frustration de la vie merdique en shootant de toutes mes forces dans un mur, j’ai perdu un ongle de pied et boité pendant des semaines. Quand j’ai récidivé en 1ère, j’avais de l’expérience et une paire de docs (mais j’ai passé le reste de la journée à flipper qu’on comprenne d’où venait le plâtre sur ma godasse).
j’ai écrit cette histoire à partir d’un gros fantasme du moi de maintenant quand il repense au moi d’il y a trente ans. j’avais pas tant de haine envers de mes harceleureuses. je les détestais quand iels s’en prenaient à moi, j’avais peur d’elleux, j’en suis venu aux mains des fois, mais tout ça s’arrêtait quand je les voyais plus. par contre les adultes qui m’ont pourrit la vie à cette époque, eux je les déteste encore, ils avaient choisi d’être là, iels étaient même payé·es pour me, nous, faire chier. mais le pire, ce qui me remuait, ce qui cristallisait ma rage, c’était ces putains de murs.
Quand on voit l’état de délabrement des bâtiments scolaires, le vandalisme auquel se livrent tant de gosses, la patience qu’on y met (faire un trou de 1 cm de diamètre dans une table en formica avec une pointe de compas en demande énormément), je suis sûr de ne pas être le seul à avoir haït, à continuer à haïr, ces foutus murs.
donc voilà, cette histoire, c’est ma proposition de réforme de l’Éducation Nationale, c’est pas subtil, ni très réaliste et ça m’a fait du bien.
Les phares de la voiture balayent la haie, ça dure que deux secondes, mais j’ai failli me pisser dessus. J’espère que mes baskets se voient pas par en dessous du buisson. J’ai mis les neuves, les noires, mais j’ai du mettre du stylo sur les machins qui brillent, j’espère que ça partira demain, je vais me faire incendier par ma mère, sinon. Je m’extirpe des thuyas de merde en essayant de pas en faire trop tomber dans mon cou. J’déteste ça, ça se coince dans le col de ton pull pendant des semaines et ça gratte. Raté. La bagnole a disparu au bout de la rue, je reprends mon vieux cartable sur mon dos et je me remet en route. Les thuyas, pour le moment, c’est le truc le plus chiant, cette nuit. Avec les vapeurs émanant de mon cartable qui me piquent le nez.
— Tu peux me passer la rallonge ? J’ai pas assez de force, là…
Je fouille silencieusement dans le sac à dos à nos pieds en étouffant la lumière de ma lampe entre mes doigts et je sors délicatement le tube d’acier de 50 cm avant de le tendre à Gigi. Pendant qu’elle coince la crosse de la monseigneur dans le volet métallique et emboîte le tuyau sur le pied-de-biche, je referme le sac et me prépare à courir. Elle éteint sa frontale et prend appui sur le mur avec son pied.
OïïïïnnnnnnnnnKLANG !
Le volet est ouvert, mais on bouge pas, on attend, accroupies. Je tends l’oreille. Rien.
j’ai voulu écrire une histoire sur la propagande, la désertion, comment je voudrais qu’on se batte sans faire la guerre, comment on pourrait être pacifistes sans être non-violent·e·s, tout ça. le premier jet de février, et j’ai traîné a corriger/fignoler, entre temps le monde empire d’un jour sur l’autre et si j’attends plus longtemps je voudrais plus montrer, alors voilà.
d’abord, une lettre ouverte, écrite dans le vrai monde, qui parle de vrais gens, et puis une courte nouvelle qui fait semblant d’être de la science-fiction.